Le Washington Post, qui fut le journal de Bob Woodward, de Carl Berstein, et de la révélation du scandale politique du Watergate qui provoqua la démission du président des Etats-Unis, Richard Nixon, le Washington Post, désormais propriété du P-DG fondateur d’Amazon.com, Jeff Bezos, est un journal qui à défaut de les protéger, crache aujourd’hui sur ses sources, et plus particulièrement sur l’une des plus célèbres d’entre elles, Edward Snowden.
En 2013, le Washington Post avait été l’un des quatre journaux (avec le New York Times, The Guardian et The Intercept) à publier les fracassantes révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden sur le fonctionnement de la NSA et sur ses différents programmes de surveillance.
A ce titre, le quotidien américain avait décroché en 2014 un Prix Pulitzer, le plus prestigieux prix récompensant un travail journalistique, existant aux Etats-Unis. A la fin de l’année 2013 Jeff Bezos bouclait le rachat du Washington Post.
Plusieurs associations dont Amnesty International, et Human Rights Watch (HRW) ont récemment lancé une pétition demandant la grâce d’Edward Snowden par le président Barack Obama.
En « réponse » à cette initiative, et contrairement au New York Times, au Guardian et à The Intercept qui continuent de soutenir le lanceur d’alerte, réfugié en Russie (au minimum jusqu’en 2017), le Washington Post a publié ce week-end un éditorial dans lequel il plaide pour une condamnation d’Edward Snowden pour espionnage ou pour que celui-ci reconnaisse sa responsabilité pénale, quitte à obtenir un aménagement de peine.
Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu un revirement aussi abject dans les colonnes de la presse américaine. Le quotidien accuse sa propre source (dont a plus que largement profité) d’avoir divulgué des informations hautement confidentielles et non essentielles pour le public, comme le programme de surveillance Prism ou les opérations menées par les services secrets américains sur Ben Laden et la Russie.
Or selon Glenn Greenwald (The Intercept) ces allégations sont fausses puisque que Snowden « s’est toujours refusé à choisir lui-même ce qui devait être dévoilé au grand public et a laissé cette responsabilité aux journalistes. » Aujourd’hui, le lanceur d’alerte encourt jusqu’à trente ans de prison aux États-Unis pour espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux.