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Pour Mediapart le modèle payant commence à payer

Le site créé en 2008 par Edwy Plenel et qui voulait « sortir de la spirale du toujours plus d’information » en pariant sur un accès payant sera cette année encore bénéficiaire.

 

L’information révélée par LePoint.fr a été confirmée depuis par Edwy Plenel sur les réseaux sociaux. En 2012, le site Mediapart.fr dégagera un résultat net de 700 000 euros pour un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros.

Edwy Plenel, fondateur de Mediapart.fr

Mediapart revendique désormais 60 000 internautes abonnés qui acceptent de payer jusqu’à 9 euros par mois pour accéder aux informations du site et plus particulièrement à ces scoops, mis en ligne sous forme de feuilleton. A titre de comparaison, en 2011, Mediapart, déjà bénéficiaire, avait réalisé un bénéfice net de 572 300 euros pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros. Le succès du modèle payant initié par Mediapart ne veut pourtant pas dire que l’avenir de la presse en ligne se dessine en mode payant.

Historiquement, des titres comme le Wall Street Journal, ou plus récemment le New York Times ont certes montré la pertinence du « pay wall », un système qui consiste à faire payer le lecteur au-delà d’un certain nombre d’articles consultés.

Après des années d’atermoiements et de navigation à vue, la presse française sous perfusion de subventions publiques et en proie à des difficultés financières et éditoriales grandissantes, croit donc maintenant voir son salut dans ce système de « pay wall ». Le quotidien économique Les Echos a franchi le pas. Liberation devrait suivre en 2013. Mais il est à parier que tout affairés qu’ils sont à leur quête du profit et de la rentabilité, la plupart des titres feront une fois encore l’économie d’une vraie réflexion sur le contenu et la ligne éditoriale.

Surtout ne pas chercher à savoir pourquoi un site (gratuit) comme le Telegraph britannique remporte aujourd’hui un tel succès sur Internet, alors que rien ne le prédisposait plus qu’autre média à une telle percée. Surtout ne pas s’interroger sur l’absence, pourtant criante, d’un équivalent du Telegraph dans la presse française.

Et enfin continuer, de considérer le lecteur (et très accessoirement Google) comme une vache à lait ne sachant pas faire la différence entre la reprise d’une dépêche d’agence, et la production d’une véritable information à valeur ajoutée. Surtout, surtout, continuer à rêver debout en attendant des jours meilleurs.

2 Commentaires

  1. Tout à fait d’accord avec la conclusion, il suffit de zapper régulièrement entre les sites des différents quotidiens nationaux pour le constater.

    On n’y retrouve que les dépêches de l’AFP, quelque soit le site elles sont plus ou moins dans le même ordre, et juste paraphrasées par des pigistes, quand elles ne sont pas reprises telles-quelles.

    Le « journalisme d’investigation », ça reste une légende …

  2. Accord sur cette article et sa conclusion, avec un élément supplémentaire.
    En considérant par ailleurs le gros soucis de connivence de la presse française avec un pouvoir souvent indigne et son incapacité à produire une information qui ne soit pas de propagande, on peut également ajouter qu’elle cumule deux autres travers :
    – un centrage sur les « analyses » pour ne pas dire les commentaires, avec des ribambelles « d’éditorialistes » idiots. Des gens qui tiennent le pouvoir, prennent les lecteurs pour des idiots à vouloir penser à leur place (alors qu’ils sont souvent incompétents et ne voient jamais rien venir…). Quelque chose qui heurte aussi la culture du net où l’on peut en permanence croiser une foison d’infos dans toutes les langues.
    – un déplacement du centre de gravité, au propre et au figuré, vers de l’information ludique, accessoire, souvent consumériste, au sens premier ou dans l’esprit (les rubriques sexo gnagna… alors qu’en même temps le pays prend feu sur la question du mariage gay !). Slate, Atlantico, et même le point (cf.la rubrique historique histoire du jour et son traitement) sont à cet égard dans une dérive effrayante.
    Finalement, en temps de crise aggravé, la discussion fameux « café du commerce » et son équivalent moderne dans les forum est plus prolifique et enrichissante que la lecture des journaux. Quant aux journaux en ligne, les voir devient presque pornographique.
    MédiaPart, on aime ou on aime pas l’esprit de la ligne éditoriale, son ancrage à gauche, etc, mais le fait est que a) ils font le boulot de base d’un média d’infos b) très bien en moyenne c) y compris contre « leur camp », plus que le Canard (d’ailleurs, d’ici 3/5 ans le Canard peut s’inquiéter à mon avis : le rapport d’info c’est 1 à 30…). A l’arrivée, il se passe des trucs. Ses 6 ME pour 11% de résultat, c’est la marque de cette valeur ajoutée.
    Faire pareil, c’est presque l’enfance de l’art sur le papier: le métier de base d’un journal. Mais entre les logiques de pouvoir interne des journaux tenus par des édicrates et l’absence de courage externe sur l’info, le souci de cette opération, c’est que pour faire pareil, il faut en pratique… CHANGER LES JOURNALISTES. Ce qui produit une légère inertie aux changements souhaitables.
    Médiapart, ce n’est pas vraiment ma pensée politique, mais comme source d’infos, désolé, c’est imbattable actuellement.

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